Présentation

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude et souvent implacable pour beaucoup d'êtres humains, nous ne pouvons nier que dans de nombreux domaines la civilisation romaine fut innovante et même fascinante. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive pour imposer ensuite son pouvoir sous la férule des légions et de son administration centralisée, elle nous a aussi légué sa culture et, pour ce qui nous intéresse dans ce blog, son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que je vous invite à découvrir ensemble.

dimanche 24 mars 2024

La villa romaine d'Aiano-Torraccia Di Chiusi

Une villa de l'Antiquité tardive au cœur de la Toscane

Le site de Torraccia di Chiusi est constitué d’un plateau étroit situé dans la petite vallée formée par le torrent Foci, affluent de l’Elsa, au cœur de la Toscane, entre les villes de Sienne, Volterra et San Gimignano.

Il s’agit d’un site pour lequel le Ministero per i Beni e le Attività Culturali italien a donné à l’UC Louvain (Université Catholique de Louvain – Belgique) l’autorisation de fouille, et qui a comme directeur le professeur Marco Cavalieri. A partir de l’été 2005, une équipe de chercheurs, doctorants et étudiants a entamé une série d’enquêtes sur le site, retrouvant les restes d’au moins trois pièces d’une antique villa romaine, datable entre le IVème et le VIème siècle ap. J.C. Le but de l’enquête est de fouiller au moins une partie de l’édifice individualisé, d’en étudier le mobilier et d’organiser un colloque international sur les phases d’occupation romaine de la Toscane, région qui est le berceau de la civilisation étrusque. La rencontre-choc entre les mondes romain et étrusque est intéressante et, jusqu’à aujourd’hui, un domaine d’étude peu exploité: les fouilles de Torraccia di Chiusi voudraient l’approfondir à travers l’apport de nouvelles données archéologiques et interprétations historiques.

Au cours de ces pages, vous pourrez découvrir toutes les riches découvertes qui y ont été faites et l’important travail de recherche réalisé par des archéologues belges et italiens pour en améliorer la connaissance et la compréhension. Bonne visite.

L’équipe de Torraccia di Chiusi



La villa d'Aiano dans la Gazzetta di Siena 
Di Leonardo Antognoni - 3 April 2022

Le projet

Le projet international ‘VII Regio. Le Val d’Elsa pendant l’époque romaine et l’antiquité tardive’ a pour but une meilleure compréhension du peuplement et des modes de vie sur le territoire rural du Val d’Elsa, et en particulier dans la commune de San Gimignano. Le cadre chronologique de l’étude est ample : des premières phases de la romanisation à l’antiquité tardive (Ier siècle av. J.-C. – VI-VIIe siècles ap. J.-C.) ; la fouille du site de la villa de Torraccia di Chiusi constitue une base fondamentale pour la recherche.

Le projet comprend différentes phases et envisage diverses méthodes et niveaux d’étude. En effet, compte tenu de la complexité de la recherche, il est apparu utile et nécessaire de subdiviser le projet en plusieurs domaines attribués à différentes équipes scientifiques appartenant chacune à différentes organisations, mais travaillant toutes sous la direction de l’UC Louvain. La fouille à Torraccia di Chiusi constitue le point central de la recherche parce qu’il permet une compréhension plus complète et plus approfondie du phénomène historico-archéologique du territoire du Val d’Elsa. Néanmoins, le projet considère plusieurs sites de cette aire territoriale, susceptibles de fournir des données utiles pour la définition d’un modèle interprétatif sur base d’un cadre chronologique et spatial plus large.

Le projet prévoit trois axes de recherche :

  • Le passage entre le monde étrusque et le monde romain : la phase de romanisation ;

  • Le développement, entre résistance culturelle et continuité, de la romanité étrusque ;

  • Le monde de l’antiquité tardive et le passage entre paganisme et christianisme : le cas de la fouille de Torraccia di Chiusi.

Marco Cavalieri (directeur scientifique, professeur d’archéologie romaine à l’Université Catholique de Louvain)



Lien vers le site : https://www.villaromaine-torracciadichiusi.be/

samedi 17 février 2024

Conférence sur les villas romaines

 Le 15-03-2024


Conférence villas d'ici et d'ailleurs...

Par Philippe LAVAL


Le 15 mars nous recevrons M. Philippe Laval, passionné d'Antiquité pour une conférence sur les villas gallo-romaines d'ici et d'ailleurs.

Même si l'Antiquité romaine fut une période rude, elle fut néanmoins innovante et même fascinante dans de nombreux domaines. Si Rome a conquis nos terres à la force du glaive, elle nous a aussi légué sa culture et son savoir-faire en matière d'urbanisme, d'architecture et de construction. C'est précisément ce domaine des habitations romaines typiques des campagnes, les villae, que notre orateur nous invite à découvrir...


Quand ? Le 15 mars 2024 à 19h30

Où ? La Maison des Mégalithes de Wéris

Place Arsène Soreil, 7, 6940 - Wéris

Infos et réservations 086 21 02 19 ou info@megalithes-weris.be

Lien : https://www.megalithes-weris.be/agenda-afficher.php?a=106

vendredi 2 février 2024

La villa gallo-romaine d'Anthée

La plus vaste villa gallo-romaine découverte en Wallonie reste, à ce jour, celle d'Anthée sur la Commue d'Onhaye. Longue de 642 mètres, pars rustica comprise, sa largeur atteignait 212 mètres. Elle est de ce fait classée « type 1 » dans la typologie des « Grandes villae à pavillons multiples alignés »1.

Fig. 1 Plan du domaine bâti

Cette villa fut mise au jour en 1863, puis fouillée jusqu'en 1872 par le chamoine Charles Grosjean pour le compte de la Société archéologique de Namur.

Situé sur un plateau du Controz, entre les villages d'Anthée et Morville, le site se trouve à quelques lieues seulement de l'ancienne voie romaine Bavay-Trèves. Un vieux chemin traversant d'Est en Ouest la pars rustica semble, d'ailleurs, se diriger vers le Nord pour rejoindre cette chaussée. Ce diverticule comporte des ornières sur une partie de son tronçon.

Le domaine bâti, dont il ne reste que des vestiges enterrés, était divisé en deux parties par un mur. La pars urbana se trouvait à l'Ouest, et les différents bâtiments de la pars rustica bordaient les deux côtés d'une cour allongée s'étirant vers l'Est. Le tout était enclos d'un mur et occupait une superficie de quelque 12 hectares !

Un petit fanum de forme carré avait également été repéré à 200 mètres au Sud de la villa. Il faisait vraisemblablement partie intégrante du domaine.

Fig. 2 Plan de la pars urbana
Avec une façade de près de 107 mètres de long orientée à l'Est, la résidence du maître était dotée de deux portiques à colonnades à l'Est et à l'Ouest qui donnaient accès à 114 pièces2. Certaines d'entre elles étaient décorées de mosaïques, de fresques, d'enduits peints et de marqueteries en marbre, témoins évidents de la richesse des propriétaires.

Les occupants du domaine disposaient également de trois ailes de bains (thermes) : une au Nord et au Sud du corps de logis et une troisième, indépendante du bâtiment principal, au Nord de celui-ci, ainsi que de plusieurs locaux chauffés par hypocaustes.

L'alimentation en eau était assurée par deux sources : celle du « Fond des Noisetiers », située à 1675 mètres à l'Ouest de la villa, et celle nommée « Al Tavienne » distante de 1250 mètres au Sud.

Des vingt bâtiments de la pars rustica certains étaient réservés à l'hébergement des ouvriers, alors que d'autres étaient des écuries, des granges, des étables, des réserves pour les denrées et des ateliers, dont deux destinés au travail de la métallurgie du fer et du cuivre.

D'après le mobilier archéologique récolté jadis, la villa semble avoir été bâtie au milieu du premier siècle de notre ère, et aurait subsisté jusqu'au début du IVe siècle, avec peut-être un abandon temporaire durant le dernier quart du IIIe siècle, en raison d'un hiatus dans le monnayage pour cette période. (Une monnaie de Valens [365-378] trouvée dans un bâtiment de la pars rustica témoigne cependant d'une fréquentation du site après son abandon).


Fig. 3 Lion en pierre servant de fontaine © DR

Mais, les découvertes les plus remarquables sont, sans nul doute, la sculpture en « ronde-bosse » d'un lion en pierre calcaire qui devait servir de fontaine dans la cour d'honneur de la villa3, et des mosaïques à motifs géométriques4, malheureusement abîmées par d'anciens travaux agricoles.


Fig. 4 Mosaïques à motifs géométriques

De façon plus anecdotique, il faut aussi mentionner la présence d'un grand nombre d'écailles d'huîtres trouvées dans la pars urbana, indices évidents de l'opulence des propriétaires.

Enfin, une intervention archéologique préventive a été menée l'été 2014 par le SPW5 dans une zone de la pars rustica qui n'avait pas été fouillée autrefois. La raison de cette intervention répondait aux travaux de transformation d'une ancienne ferme avec l'aménagement d'un parking qui aurait pu endommager les substructions non encore mises au jour. Les résultats des fouilles ont complété et confirmé les données recueillies au XIXe siècle.

Notes :

1. Revue archéologique de l'Est : https://journals.openedition.org/rae/6217

et Fig. 1 : plan du domaine bâti.

2. Fig 2 : plan de la pars urbana.

3. Fig. 3 Sculpture en pierre d'Euville (Meuse, France), H. 76 cm, L. 84 cm, l. 35 cm, IIe siècle, photo © DR, Musée Archéologique de Namur.

4. Fig. 4 Mosaïques à motifs géométriques de la villa d'Anthée, Musée Archéologique de Namur.

5. « Les Nouvelles de l’Archéologie, n° 37, Janvier - Février - Mars 2015 »

Bibliographie :

- Delaunois E. & Hannut F. 2015. Nouvelle campagne archéologique sur la villa d'Anthée (Onhaye, Namur), ASAN, t. 89, p. 21-49.

- Del Marmol E., 1881, Villa d'Anthée, ASAN, t. 15, p. 1-40.

- Del Marmol E., 1877, Villa d'Anthée, ASAN, t. 14, p. 165-194.

(Résumé rédigé d'après les différentes sources ci-dessus. Je remercie la Société archéologique de Namur pour son aide).

Ph. Laval

mercredi 15 novembre 2023

Présentation du roman historique : "Un poète au palais"

C'est avec grand plaisir que je vous annonce la réédition au format "livre de poche" de mon roman « Un poète au palais », écrit sous le pseudonyme de Jacquy Mengal.

Le récit met en scène Florian, un jeune esclave récemment affranchi, qui est le témoin et l'acteur d'une aventure où la fiction se mêle à l'histoire authentique. Son périple le conduira de Bordeaux à Trèves en compagnie de son ancien patron, le poète Ausone, devenu son ami, et de sa famille.
Cette tranche de vie se déroule au IVe siècle, dans une Europe en plein bouleversement où les cultures latine et germanique se rencontrent. Un temps où les grands flux migratoires venus de l'Est font vaciller les fondements de l'Empire romain que d'aucuns croyaient éternel. Mais, ce fut aussi une époque de transition, lorsque l'Antiquité païenne céda la place au Moyen Âge chrétien.

Bien que l'histoire se déroule à la fin de l'Antiquité romaine, le lecteur ne manquera certainement pas de reconnaître quelques similitudes entre les préoccupations des hommes de l'époque et celles que nous rencontrons aujourd'hui. Comme dit le proverbe : « Rien de nouveau sous le soleil ».

Je vous souhaite, d'ores et déjà, une bonne lecture à tous et toutes !

Ph. Laval (Jacquy Mengal)